Le Mouvement des Kibboutz et l’anarchie, une révolution vivante.

James Horrox.

Résumé de l’ouvrage réalisé par Joëlle, membre du kibboutz de paris.

Le mouvement des kibboutz prend forme en Palestine sous domination ottomane à partir de 1910, et deviendra l’une des expériences de vie communautaire et de progrès social les plus abouties du XXe siècle. S’il s’inscrit pleinement dans le cadre plus général du sionisme, on sait peu à quel point ses fondements idéologiques et politiques sont ancrés dans la pensée anarchiste, incarnée par des auteurs comme Pierre Kropotkine ou Gustav Landauer. « Etait en jeu, alors, rien moins que l’opportunité de transformer la mobilisation juive autour de la Palestine en un projet de libération sociale de tous les peuples, et qui n’aurait pu voir le jour que sous la bannière d’un socialisme sans Etat », écrit Uri Gordon dans la préface à l’édition anglaise de ce livre de James Horrox qui retrace l’histoire de cette révolution vivante. Et s’il en analyse aussi le déclin à partir des années 1980, il rend compte également des formes multiples de sa renaissance à l’aube du nouveau siècle, qui témoignent de la singulière vitalité des habitants de cette « terre sujette aux tremblements ».

Résumé :

Gershom Sholem a défini le sionisme comme le retour utopique du peuple juif à sa propre histoire.

Il a dit « nous voulons révolutionner le sionisme et prêcher l’anarchie qui signifie l’absence de domination. »

Le kibboutz est une communauté volontaire autogéré administré par ses membres de manière démocratique sans aucune sanction légale ni structure autoritaire pour assurer le respect de ses normes, gérée par l’assemblée générale des membres dont les décisions sont prises à la majorité.

À la fin des années 1960, la fédération des kibboutz a organisé un congrès international sur la démocratie au kibboutz et l’invité d’honneur était le philosophe français Jean-Paul Sartre qui a déclaré que ce qu’il avait vu tenait plus de l’anarchie que de la démocratie.

A la différence des autres expériences utopiques, les kibboutz ont joué un rôle décisif, dans la fondation de la nation israélienne : construction des infrastructures, intégration de milliers de migrants, création d’un syndicat national et contribution industrielle et agricole extrêmement importante.

Proudhon a utilisé pour la première fois en 1840 le mot anarchie pour décrire une doctrine sociale :


La société est capable de se transformer à partir de communautés locales en système fondé sur l’auto-gestion, la démocratie directe et la durabilité écologique, sans l’exploitation et l’égalité inhérente au socialisme d’état.

Kropotkine (1842 1921) l’un des théoriciens anarchistes les plus influents du XIXe siècle, estime que le progrès humain repose sur l’entraide plutôt que sur la compétition: les gens pourraient vivre en toute égalité, tant comme producteurs que comme consommateurs, dans les communautés fondées sur le principe de « chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins », avec un système de rotation des tâches.

Après avoir mis un terme à la séparation entre le travail manuel et intellectuelle, il estime que le travail ne serait plus une malédiction mais le libre exercice de toutes les facultés de l’homme, et l’antagonisme entre employeurs et employés sera remplacé par un travail volontaire et coopératif sans besoin de gouvernement.

Il pense que chaque nouvelle phase de la vie économique engendre une nouvelle phase politique :

  • la monarchie absolue et le servage, 
  • le gouvernement et le capital, 
  • le non gouvernement et le non capitaliste car des travailleurs libres exigent une organisation libre. 

Le mouvement des kibboutz débute en 1880 

Les idées de Marx, Kropotkine, Tolstoï, Proudhon ont inspiré toute une génération de juifs persécutés en Russie.

La majorité des 20 000 juifs qui quittent la Russie émigrent aux États-Unis ou en Argentine mais quelques centaines partent en Palestine et n’y trouvent aucune structure étatique.

La population juive, entre 13 000 et 20 000 personnes, est concentrée essentiellement dans les centres religieux de Jérusalem, Safed, Tibériade et Hébron et se consacre à l’étude de la Torah grâce aux subsides philanthropiques des juifs de diaspora. 

Mais les nouveaux immigrants aspirent à une indépendance économique et projettent de travailler la terre.

Tandis que le travail expérimenté et bon marché les arabes avait la préférence des pionniers de la première Alya, ce n’était certainement pas l’intention des pionniers de la deuxième Alia de se constituer en classe bourgeoise de propriétaires terriens juifs exploitant la population indigène arabe.

C’est une révolution unique en son genre en ce qu’elle n’avait pas d’adversaire car les différences de classe étaient pratiquement inexistantes parmi les immigrants de la deuxième Aliya.

Le premier Kibboutz né en octobre 1910 nommé Degania (bleuet) crée un système social permanent où le groupe assume l’entière responsabilité de la ferme et assure son développement selon ses propres principes.

Degania réussit à dégager des bénéfices moins d’un an après sa fondation.

A D Gordon :

La philosophie les premiers pionniers est inspirée des écrits de A D Gordon, figure de proue de l’Hapoel Hatsair (Le jeune travailleur) groupe sioniste pacifiste et antimilitariste consacré à l’idée du peuplement juif de Palestine.

Il a un grand amour pour le travail manuel et considère que chacun, professeur ou écrivain, doit travailler de ses mains, et que le travail physique et surtout l’agriculture ouvre la voie à une connexion créatrice.

Pas une fois dans son œuvre il ne fait référence à la création d’un État juif même s’il estime que l’histoire des juifs les autorise à vivre en Palestine. Il pensait que les juifs allaient gagner le respect et la coopération de leurs voisins.

Frantz Oppenheimer a participé avec Théodore Herzl à la planification économique de l’organisation sioniste mondiale.

Les ouvriers de Degania ont rejeté ses idées de différents niveaux de salaires et de désignation d’administrateur superviseur.

Joseph Trumpeldor héros de guerre russe, est une des figures les plus importantes des débuts du mouvement ouvrier en Palestine. Il est l’archétype du paradoxe sioniste en tant qu’anarchiste de droite impliqué dans des projets anarcho-socialiste. Il se lie d’amitié avec Jabotinsky avec qui il fonde la première organisation militaire pré-israélienne, la Légion juive. Après sa mort en 1920, Jabotinsky reprendra son nom pour baptiser le mouvement de jeunesse Betar, acronyme de Brit (alliance) Yossef Trumpeldor. 

La guerre civile russe et la guerre russo-polonaise de 1919, qui entraînent en Russie une nouvelle flambée d’antisémitisme qui aurait tué près de 15 000 juifs, ainsi que la déclaration Balfour entraine une nouvelle vague d’immigration.

Ces immigrants de la troisième Alia arrivent vers entre 1919 et 1923 de Russie et de Pologne et transforment ce qui n’était qu’un vague réseau d’établissements agricoles en l’institution que nous connaissons : le kibboutz.

Gustav Landauer est le principal responsable de l’introduction des idées anarchistes des années 1920 et 1930.

Bien que son amitié avec Buber l’amène à développer un profond attachement au judaïsme, Landauer reste méfiant à l’égard du sionisme politique.

Alors que les autres Nations sont confinées dans les limites artificielles des frontières entre les états, Landauer estimait que la dispersion des Juifs à travers le monde les mettait dans une position unique en ce qu’ils transcendaient d’emblée, en tant que Nation, les divisions territoriales.

Ces jeunes n’étaient pas venus en Palestine pour fonder un état, qu’il soit juif ou socialiste, mais rêvaient d’une large confédération de communes où les individus sont en relation directe les uns avec les autres ». Ce n’est que plus tard que le Marxisme finira par exercer une influence sérieuse.

L’Hashomer Hatsaïr, où l’influence de Landauer fut particulièrement vive, et le kibboutz ARTZI qu’ils mirent sur pied en deviendra l’épine dorsale :

En 1939, ce mouvement de jeunesse comprenait quelques 70 000 membres dans le monde. Même après l’adoption par le mouvement de jeunesse d’une posture marxiste, ses membres n’ont pas cessé d’étudier les œuvres de Landauer et Kropotkine et nombre d’entre eux continuent d’assister régulièrement aux conférences de son ami et exécuteur testamentaire Martin Buber.

À la fin du XXe siècle, ARTZI comprenait 85 kibboutz soit environ 35 000 personnes, c’est-à-dire 32 % de l’ensemble des kibboutz de l’époque.

Le mouvement des kibboutz, un amalgame entre les deux plus grandes fédérations kibboutz Arzi et TAKAM regroupe aujourd’hui 94 % de la population des kibboutz, les derniers 6 % revenant au kibboutz DATI mouvement des kibboutz religieux.

Chaim Arlosorof, l’un des principaux idéologues du parti, est un fervent disciple de Kropotkine et un ami de Martin Buber. Il pense que le pouvoir de l’État doit être remplacé par la libre association de groupes humains.

En Palestine, l’État était représenté par l’autorité mandataire britannique.

Il lutte contre les sionistes marxistes qui voulaient transposer en Israël le matérialisme et la lutte des classes.

En 1930, Arlosorof jouera un rôle important dans l’unification des Poalei Tsion et de l’Hashomer Hatsaïr dans la formation du parti des travailleurs Mapaï. Il est assassiné à Tel-Aviv à 34 ans en 1933 et son meurtre n’a jamais été élucidé.

Lorsque les premiers groupes de la troisième Alia arrivèrent, l’idée de bâtir un nouveau modèle de société sans état est largement partagée.

Dans son livre « l’Anarchisme dans le mouvement des kibboutz », Yaakov Oved cite Itshak Tabenkin qui pense que les conditions particulières du mouvement ouvrier juif en Palestine offraient la possibilité unique de créer une société sans gouvernement.

Les kibboutz d’avant 1948 peuvent être décrits comme « une communauté coopérative sans exploiteurs ni exploités». Les revenus sont versés dans une caisse commune où tous les membres étaient libres de puiser à leur guise. Les corvées comme servir à table et laver la vaisselle sont assurés par tous.

Les terres sur lesquelles les kibboutz ont été bâtis appartiennent au fonds national juif (Kérèn kayemet) qui loue la terre au kibboutz avec un bail de 99 ans.

L’éducation des enfants était assurée par la communauté, aucune monnaie n’était utilisée, aucun frais de nourriture ni de vêtement puisque les membres mangent au réfectoire et empruntent chaque semaine des habits dans la réserve commune de vêtements.

Jusqu’en 1930, l’agriculture est le pilier économique et le secteur industriel se limite à une économie d’atelier

De nos jours, les kibboutz restent à l’avant-garde de la recherche et de la production en Israël concernant l’agriculture et la haute technologie. 

Malgré un réseau complexe de comités et de gestionnaires, le kibboutz est parvenu à empêcher l’émergence d’une hiérarchie car les fonctions d’un administrateur sont de coordonner et non de contrôler le travail.

Tous les membres se réunissent chaque semaine en assemblée ASEFA généralement au réfectoire.

Malgré la complexité croissante de l’économie, les membres essayent d’éviter la formation d’une bureaucratie c’est-à-dire une classe politique séparée se comportant comme une élite dirigeante.

Les membres élus à ces postes ne devaient bénéficier d’aucun avantage matériel et remplir leurs taches de nuit. Tout comme la réussite du modèle de travail participatif tient à la fois sur l’opinion publique, la pression des pairs (commérage) et la conscience sociale, le kibboutz s’appuie sur la pression sociale de la vie collective et sur l’intimité des relations personnelles pour susciter une adhésion volontaire aux normes de comportement.

Qu’adviendrait-il si un membre du kibboutz faisait preuve de paresse au travail ? Un membre de Degania dans les années 1920 a répondu simplement « nous cesserions de l’aimer. »

A l’époque où le kibboutz avait la taille d’un gros village, un millier de personnes au plus, le meurtre, le suicide, la maladie mentale, la délinquance juvénile, la toxicomanie avaient presque disparu.

Dans les années qui ont précédé l’indépendance d’Israël, en l’absence d’un appareil d’État fixe, les fédérations de kibboutz officieuses et spontanées finissent par assumer une bonne partie des responsabilités qui relèvent normalement de l’État et du capitalisme.

Si les conditions du socialisme d’État telles que définies par Marx ne sont pas réunies dans le kibboutz, les caractères essentiels d’un socialisme anarchiste le sont.
Dans les années 1930, les kibboutz continuent à se dire marxistes pour la forme malgré les positions antisionistes des communistes à l’international.

Les Kibboutz ont cherché à se dégager de l’aliénation inhérente au processus de production capitaliste, ce qui rappelle l’idée de Tolstoï d’une fraternité universelle et l’espoir que les liens familiaux pourraient être étendus en une fraternité de l’humanité tout entière.

La Histadrout :

La Histadrout, organisation syndicale nationale fondée à Haifa en 1920, vise à fédérer tous les travailleurs juifs dans les années qui ont précédé la constitution de l’État. Elle a dépassé le rôle d’une organisation syndicale pour devenir une sorte de société alternative : pendant un moment le premier employeur du pays, elle possédait des entreprises, des usines, des écoles, des bibliothèques, des centres culturels. Exception faite des cimetières (elle n’en possédait pas) on aurait pu dire qu’elle procurait à la majorité de la population tout ce dont elle avait besoin du berceau au tombeau. Deux ans après sa création elle représentait plus de la moitié des ouvriers de Palestine et 75 % de la force de travail juive du pays. Elle continuera à remplir un rôle important d’assistance publique jusqu’aux années 1990.

En 1923, l’embryon d’appareil d’État dirigé par un jeune politicien, David ben Gourion, a usurpé les perspectives utopistes des kibboutz et ce ne serait plus qu’une question de temps pour que l’ambitieuse expérience socialiste du mouvement se transforme en une composante collectiviste de l’économie dirigée par l’État.

L’indépendance nationale ne viendra pas comme ils l’avaient espéré de la volonté collective mais de l’ONU. 

Les communautés deviennent de simples pions dans le cadre plus général de la politique. Ben Gourion essaye de convaincre le monde de l’utilité d’Israël qui devient le porte-avions de puissances occidentales au Moyen-Orient.

Ce système commence à s’éroder dans les années 1980.

Dans la plupart des kibboutz, les jeunes vivent ensemble dès leur plus jeune âge dans la maison des enfants où leurs parents leur rendent visite quelques heures par jour, parfois une journée entière à shabbat.

Les enfants grandissent en groupe d’environ 16 personnes qui restaient ensemble de la maternelle au lycée.

Bien que l’évolution du système d’éducation des kibboutz fut largement le fruit d’expériences et d’erreurs (surtout d’erreurs diront certains), la plupart des kibboutz ont abandonné cette pratique vers la fin des années 1970 pour revenir à la famille traditionnelle.

Nombre d’enfants nés dans le kibboutz épousent des personnes venues de l’extérieur, et les communes se referment progressivement sur elles-mêmes.

La surconsommation croissante a amené les kibboutz à facturer l’électricité, à allouer de l’argent et à introduire des comptes bancaires privés.

Les véritables problèmes commencèrent en 1977 avec un événement sans précédent dans l’histoire Israélienne, la victoire électorale du Likoud de Menahem Begin, qui n’apprécie pas trop les kibboutz

La propriété de l’économie passe pour la première fois de l’État et de la Histadrout au seul secteur privé, provoquant privatisation et licenciements. Il est permis aux Israéliens d’investir hors du pays et les droits de douane chutent.

Ces changements économiques frappent durement Israël causant la faillite de nombreuses petites entreprises. 

Lorsque le gouvernement met en place des mesures d’austérité ramenant l’inflation à 20 % par an, les Kibboutz se retrouvent avec une montagne de dettes qu’ils sont incapables de rembourser. 

A la fin des années 60, le consensus laïc traditionnel en Israël est supplanté par un retour du religieux et d’une spiritualité à la fois ultra-orthodoxes et nationaliste. 

Les kibboutz sont ébranlés dans leur raison d’être. 

Le mouvement a passé les 10 dernières années à mettre en place une transition où chaque kibboutz doit décider à quelle catégorie il appartient.

Aujourd’hui une trentaine de kibboutz font partie du Courant commun qui s’oppose à tout changement radical de mode de vie, et une centaine relève du Cercle commun regroupant les kibboutz qui adhèrent encore aux principes de base mais acceptent certains changements.

Le mouvement s’est indéniablement orienté vers le capitalisme :

En 1999, un kibboutz convertit son secteur industriel et agricole en société anonyme contrôlé par une holding dont les membres reçoivent des parts sur la base de leur ancienneté.

Aujourd’hui la structure administrative de la plupart des kibboutz industriel est complexe, centralisée et hiérarchique.

Les comités élus par les assemblées ont été remplacés par des directeurs et des gestionnaires externes.

L’assemblée générale ressemble plus à une réunion annuelle d’actionnaires.
Les années 1990 ont également vu l’introduction de primes selon l’ancienneté, la fonction ou le travail. 

Si un directeur d’usine reçoit une allocation beaucoup plus importante qu’un ouvrier, l’égalitarisme, pilier le plus important du kibboutz, est perdu.

Kibboutz urbains :

Il existe aujourd’hui en Israël un nombre croissant de nouvelles communes et organisations quasi anarchistes, composées de petits groupes habitant souvent en milieu urbain, dont les membres vivent et mettre leurs salaires en commun.

Ils sont impliqués dans les zones urbaines du pays.

Chaque commune conserve sa propre autonomie, avec une propriété collective des moyens de production et fonctionne avec des échanges entre avec les autres communes. 

Il existe plusieurs communautés pouvant raisonnablement être qualifiée de réussites ou pour reprendre la formule de Buber de « non-échec ». La plus grande est Reshit « Commencement » établie dans la banlieue de Jérusalem depuis 1979 avec une centaine de membres.

Samar :

Samar est un établissement modeste de moins d’une centaine de membres situé près d’Eilat fondé en 1976 par des jeunes de kibboutz qui ont forgé leurs principes comme une révolte contre les kibboutz, l’érosion de la liberté et de la dignité.

Le fonctionnement de SAMAR est venu à ressembler aux principes de l’anarchie communautaire : il se débarrasse des structures hiérarchiques ou autoritaires et fonctionne comme les premières Kvoutsot de taille modeste et de caractère intime, avec un système fondé sur la confiance, la responsabilité mutuelle et la démocratie directe.

Il a créé une bourse commune où les membres sont libres de prendre ce dont ils estiment avoir besoin et rien n’est enregistré par écrit.

Il revient aux membres de décider dans quel secteur et pour combien de temps ils vont travailler. Le problème est qu’on ne sait jamais à l’avance quel le nombre de personnes se présentera au travail le lendemain.

Il n’en demeure pas moins que ça semble bien fonctionner.

Tamouz :

Tamouz a été fondé en 1987 par neuf personnes déçues des kibboutz où ils sont nés.

Comme les pionniers des kibboutz anciens, ils espèrent créer une société juste. Ces 33 membres fonctionnent comme une seule unité économique, occupent des emplois stables à l’extérieur et reversent leur revenu dans une caisse commune. Il possède plusieurs voitures, assume la responsabilité de l’éducation, de la santé, du transport etc.

 Ses membres vivent en unités familiales dans des logements à propriété collective conservant une distinction entre les différents foyers qui se voient attribuer une allocation selon leur taille, donc à peu près selon leurs besoins.

Il s’oppose à la bureaucratie lourde et qui s’est immiscée dans le Kiboutz traditionnel et font de gros efforts pour établir des relations avec la population des villes où ils habitent.

Kvoutzat Yovel :

C’est une commune fondée par des mouvements de jeunesse de la diaspora, à côté de Haifa, qui est une combinaison entre le judaïsme et le socialisme similaire à celle des premiers pionniers : leur vocation est de procurer un niveau maximum d’égalité politique et matérielle à ses membres ainsi qu’un système de partage des tâches domestiques. Ils ont organisé des internats pour jeunes défavorisés, enseigné l’anglais aux enfants arabes, fondé des écoles etc.

Un de ses fondateurs, Anton Marx aimerait croire qu’il ne s’agit pas seulement de colmater les brèches d’une société passablement pourrie mais de bâtir une société alternative tout en s’impliquant dans celle qui existe, jusqu’à ce que cette société alternative devienne la société existante. 


En Israël, les anarchistes contemporains voient le kibboutz comme ce qu’il est devenu, l’oppression qu’il exerce sur ses propres membres, et son statut d’institution sioniste. Ce phénomène est amplifié par la tendance sans doute inévitable chez les jeunes radicaux d’appliquer les idées contemporaines pour interpréter un mouvement vieux d’un siècle : « Il est impossible que les premiers kibboutz aient pu être anarchistes parce qu’ils exploitaient les animaux pour les travaux agricoles ! » 
Aux yeux des nouvelles générations, le kibboutz incarne l’ordre établi. 

Le seul fait qu’il ait si longtemps servi de réserve pour le recrutement des unités d’élite de l’armée suffit à refroidir la plupart des jeunes. En effet, dans les 30 années qui ont suivi l’indépendance, les combattants les plus coriaces étaient issus des kibboutz, y compris ceux qui constituaient le noyau dur Tsahal, l’armée de défense d’Israël, comme Moshé Dayan de Dégania, politicien et général mondialement célèbre.

Mais de plus en plus d’anarchistes ont exprimé le besoin de se dégager du carcan des abstractions idéologiques et s’occupent de comités de locataires, d’organisations bénévoles, d’institution d’éducation alternative…

Épilogue mars 2008 :

Gedera :

Lorsqu’elle est arrivée en Israël en 1984, Youvi était une jeune fille faisant partie des 3000 réfugiés Bêta Israël rapatriés du Soudan dans le cadre de l’opération Moïse.

Durant ces 30 dernières années, plus de 120 000 juifs éthiopiens se sont installés en Israël bénéficiant de la loi de retour. Issus d’une économie de subsistance, ils étaient mal équipés pour évoluer dans un pays développé et industrialisé, et en outre ont dû faire face aux préjugés, à la discrimination et au racisme.

Malgré la quantité considérable de fonds publics investis dans leur intégration, les disparités socio- économiques entre la communauté éthiopienne et le reste de la population sont encore loin de s’atténuer en 2007. Le chômage et le taux de décrochage scolaire est le plus élevé du pays. La toxicomanie et la délinquance atteignent des proportions dramatiques.

Conçus par la majorité ashkénaze, les processus officiels d’intégration échouent à prendre en compte les besoins culturels et sociaux des minorités.

Par exemple, dès leur arrivée en Israël, on leur donne un nom israélien à la place de leur nom éthiopien.

Dans le cadre d’actions d’aide, des soldats ont débarqué pour peindre des maisons sans demander l’avis de leurs occupants puis sont passés dans le journal avec une légende élogieuse !

Lorsqu’elle s’est mise à travailler avec des jeunes d’origine éthiopienne, Youvi s’est senti capable de se reconnecter à sa propre identité éthiopienne. Pour parler aux jeunes, elle a dû demander à ses parents de lui parler de son pays d’origine.

En 2005, elle a participé à la formation d’une communauté à Gedera mais la situation des jeunes ne cessait de se détériorer, passant des cigarettes à l’alcool puis à la drogue.

Beaucoup de programmes essayent de leur venir en aide sans succès.

Les gens ne font que rester assis à attendre alors qu’en Éthiopie si on ne travaille pas, on ne mange pas. 
Aujourd’hui son noyau initial de trois familles a formé deux communautés de quartier distinctes.

Combattant leur sentiment d’aliénation en renforçant leur identité judéo-éthiopienne, les familles suivent des cours sur la religion et la culture éthiopienne.

Youvi croit peu aux partis politiques comme vecteur de changement.

Un autre de ses projets est le jardin communautaire. En Éthiopie, les gens sont très connectés à la terre et elle envisage de développer un jardin pour chacun des bâtiments du quartier mais c’est une chose qui sera discuté par les familles de chaque bâtiment. C’est une sorte de contre-pouvoir social. 

10 ans après, postface, novembre 2017

Au XXIe siècle, Israël est devenu une des nations les plus industrialisés du monde ce qui a entraîné une série de nouveaux problèmes.

Les nouvelles communautés urbaines ont gagné en puissance et il reste à voir si cette organisation prendra de plus en plus d’importance pour prendre en charge les besoins du pays. 

Le récit anti Israélien domine la pensée de gauche en Occident : chez les activistes anarchistes, être suspecté d’afficher ne serait-ce qu’un début de complicité avec le projet de libération nationale juive est le crime absolu. Quand il est question de kibboutz, il suffit de dire « mais ils étaient sionistes », pour clore toute discussion, alors qu’ils affichent leur solidarité avec des cultes morbides, racistes, misogynes, homophobes et totalitaire.

Noam Chomsky, qui a décrit le kibboutz comme une communauté libertaire parfaitement fonctionnelle et réussie, n’en parle presque plus.

Les aspirations des premiers Kibboutz se sont depuis longtemps brisées sur la construction de l’État, mais le pays qu’ils ont bâti est un véritable laboratoire pour les idées progressistes. 

Le kibboutz a traversé la majeure partie du siècle et a survécu en tant que modèle d’économie politique participative et volontaire parfaitement fonctionnels à un niveau jamais atteint sur toute la planète mais il est difficile, tant pour la droite sioniste que pour les anarchistes actuels, d’admettre que les anarchistes aient pu jouer un rôle dans les premières années de l’immigration des Juifs en Palestine.

https://www.franceculture.fr/…/talmudiques-emission-du-dima…

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À propos du Kibboutz de Paris :

« Le Kibboutz de Paris » est un kibboutz en construction. Il sera le premier kibboutz existant, de type « rurbain ». C’est également le nom de l’association à but non lucratif dont le but est de promouvoir un mode de vie inspiré du kibboutz classique et du kibboutz urbain:  le «kibboutz rurbain». Cette association a été fondée en juillet 2018.

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