Les Juifs noirs

Présentation de Maurice Dorès, ethnologue, psychiatre, réalisateur :« Le monde noir judaïsé ».

Résumé de la présentation de Maurice Dorès :

Le continent noir a toujours été considéré comme hors de champ d’expansion du judaïsme, à l’exception de l’Ethiopie. Hors, il existe des Juifs noirs.

1. Qui sont-ils ? 

1.1 Descriptif :

Pour les connaître, il faut voyager. Principalement :

  • En Afrique du sud. Les lembas. Ils ont des origines sémites, hébraïques.
  • Au Nigéria. Les igbos. Ils ont des origines sémites, hébraïques.
  • En Ouganda. Les Abayudayas. Depuis la conversion d’un homme, une suite de conversions a engendré la naissance de communautés juives.
  • Au Mali, le Sénégal, le Cap vert. On y trouve des « Maranes noirs », suite aux persécutions religieuses portugaises, espagnoles, africaines. Ces « marranes » se reconnectent de nos jours à leurs racines juives. Ce judaïsme peut être considéré comme un retour à une culture perdue.
  • Il existe des communautés juives également au Ghana, en République Dominicaine du Congo, au Rwanda et Burundi, au Cameroun, au Zimbabwe et au Kenya. 

1.2 Histoire des principales communautés juives d’Afrique : cf. le WhatsApp envoyé précédemment.

2. Quels sont les ancrages juifs de ces communautés?

2.1 Mythes et légendes. La Bible. 

Le premier miroir qui est offert par la Bible aux Juifs noirs est un passage qui parle de l’Ethiopie  sous le terme de « Kouch ». 

Par ailleurs, Isaïe et tous les prophètes ont insisté sur le retour qui doit se faire des tribus déportées plus que « perdues » qui vivent dans des contrées lointaines lors des temps messianiques. 

La prophétie d’Esaïe sur la localisation des Tribus perdues affirme l’existence d’une présence juive en Éthiopie et annonce ainsi le retour de la Diaspora à Zion : Isaïe (11.12) « En ce temps-là, le Seigneur étendra une seconde fois la main, pour reprendre possession du reste de son peuple qui aura échappé à l’ Assyrie, l’Egypte, Pathros et l’Ethiopie, Elam, Schinear et Hamath, et dans les îles de la mer. Il lèvera l’étendard vers les nations pour recueillir les exilés d’Israël et rassembler les débris épars de Juda des quatre coins de la terre. » Il prend en compte Israël d’un côté, Juda de l’autre.

Jérémy pour sa part prophétise ainsi : « En vérité, un temps arrivera, ainsi s’exprime le D… d’Israël, où je ferais revenir mon peuple captif, Israël et Juda. Je les rassemblerais dans le pays que j’ai donné à leurs ancêtres et ils en prendront possession. »

Sophonie (9e des 12 petits prophètes de la Bible, en 700 avant l’ère chrétienne, contemporain du prophète Jérémie)  (3 verset 10) identifie également l’Éthiopie comme lieu d’exil des tribus et prophétise le ralliement de sa population à la religion des Hébreux : « D’au-delà des fleuves de l’Éthiopie, mes adorateurs dispersés m’apporteront des offrandes. »

Ezéchiel va apparemment plus loin et pose autrement le problème puisqu’il raconte la vision des ossements, de cette vallée où il voit des ossements desséchés ? Et voici ce qu’il dit : « Fils de l’Homme, ces ossements, c’est toute la maison d’Israël. Ceux qui disent nos os sont desséchés, notre espoir est perdu, s’en est fait de nous, et bien prophétise et dis leur : « Ainsi parle leur Seigneur D…, je ré-ouvre leur tombeau. Je vous ferais remonter de vos tombeaux vous, mon peuple, et je vous ramènerais au pays d’Israël. » »

Notons que Jérémy a été plus loin car il vivait dans le royaume d’Israël alors que celui de Juda avait disparu et il a entrepris de faire revenir lui-même une partie des exilés d’Israël et de les installer dans le royaume de Juda. Le prophète ici s’est mué en homme d’action. 

Il s’agit là de récits appartenant au corpus biblique qui ont une valeur historique qui n’est mise en doute par personne.

Les évangiles ne remettent pas non plus en doute l’existence de ces tribus déportées. Epitre de Jacques : « Aux douze tribus de la dispersion, réjouissez vous » D’autres allusions apparaissent à d’autres endroits dans les Evangiles.

Ces textes là ne sont pas anodins car les Juifs les lisent dans les haftarotte toutes les semaines !

Une seule voix dénie ce retour : rabbi Akiva (qui entre autre apports a fixé la hallakha !) : Sanhédrin p : 110 B.  

Ceci étant, il est à remarquer que la question traitées dans tous ces écrits revient s’interroger sur le retour ou non retour de ces tribus et non, sur la question de leur existence. L’existence des tribus déportées n’est jamais remise en question et il y a beaucoup de témoignages sur ces Tribus

En ce qui concerne les ancrages bibliques sur lesquels se fonde le judaïsme noir , on trouve également l’histoire de la reine de Saba.

2.2 Témoignages entre la légende et l’histoire : 

selon un commentaire du Talmud (Sanhédrin 94 a), les 10 tribus disparues après la destruction du 1er Temple (- 586), tel que mentionnés dans la Bible , se seraient dispersées en Afrique.  

2.3 Témoignages historiques : 

100 000 captifs Juifs ont été déportés en Afrique par la dynastie grecque des Ptoléméens au III e siècle de notre ère.

3. Comment comprendre l’émergence d’un judaïsme africain ? En quoi le modèle juif peut correspondre à l’attente des africains ?

3.1

Il y a d’abord eu l’idée que le christianisme était la religion apportée par le colonisateur, l’homme blanc tandis que l’évènement qui fonde le judaïsme est la libération de l’esclavage et la révélation  sur la terre du Sinaï en Afrique. « Let my people go ! »

3.2

Beaucoup ont vu une analogie entre la condition juive et la condition noire. Léopold Sédar Senghor (1906-2001), poète, écrivain, homme d’état français puis sénégalais, premier africain à siéger à l’Académie française, inclue les Juifs dans sa trilogie des peuples souffrant, trilogie constituée par les Juifs, les africains et les arabo-berbères. Les termes de ghetto, diaspora, déportation appartiennent maintenant à l’histoire des Juifs et des noirs. Mais la solidarité des persécutés, selon Maurice Dorès (Ethnologue, psychiatre et réalisateur entre autre du film « Black Israël ») , n’est pas une réalité tangible. C’est sans doute plutôt une illusion. Car la souffrance n’est pas une valeur juive. Ce n’est pas là qu’il faut chercher ce qui peut attirer les uns vers les autres. 

3.3

À l’inverse, la réussite des Juifs, toujours selon Maurice Dorès, peut interpeller le monde noir. Ce qui a en effet frappé l’imagination des africains, c’est la réussite d’Israël qui a été un modèle pour tous les hommes politiques africains, y compris Mandela qui lisait les mémoires de Begin dans sa prison. Qu’un peuple aussi abattu que le peuple juif ait pu retrouver son indépendance était un exemple à suivre. Il y a eu des relations privilégiées entre Israël et l’Afrique au moment des indépendances. Ensuite, ces relations se sont détériorées parfois, au nom de froides et désolantes raisons d’état.

4. De nos jours, qu’en est-il de l’accueil fait aux Juifs noirs par les autres juifs ?

Dans l’ensemble, c’est un étonnement, suivi de beaucoup d’enthousiasme. Mais malheureusement, il y a aussi des réactions négatives. Certains Juifs se posent la question si ce judaïsme noir ne se fonde pas avant tout sur un intérêt social. Selon Maurice Dores et quelques autres en lien avec la communauté juive noire, c’est un propos scandaleux qui traduit une surdité désolante pour ne pas dire plus. 

Maurice Dores : « Ce n’est donc ni la souffrance, ni l’intérêt qui aimantent les relations judéo-noires. Juste le bonheur d’être juif et rien d’autre. C’est une attraction profonde, comme s’il existait des confluences souterraines. Sans doute une conception de la vie, une manière d’aller vers l’autre en restant soi-même. » 

http://www.akadem.org/sommaire/colloques/ham-et-sem-quelle-fraternite-entre-juifs-et-noirs-/le-monde-noir-judaise-04-01-2007-6830_4204.php

Documentation : compléments

1/Histoire du peuple juif- Les dix tribus perdues. 42 mn

2/ Le Rav Dynovisz. Rencontre à Jérusalem avec des africains intéressés et érudits en judaïsme

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